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Maison du Patrimoine et des Cités Provisoires

2a/2b rue du 8 mai 1945 76700 GONFREVILLE-L'ORCHER / Vallée de Seine

Au Havre et dans son agglomération, nul n’a oublié les cités provisoires, où grandirent de nombreuses familles havraises, alors que les bombardements subis durant la seconde guerre mondiale les avaient dépossédés de leur toit. Mais avant d'accueillir ces familles, ces camps surnommés "camps cigarettes" avaient une toute autre utilité : l'hébergement de milliers de GI's en attente de retour aux Etats-Unis à la fin de la Bataille de Normandie.

Passionnée de l'Histoire de la Normandie, la période de la Seconde Guerre Mondiale fait partie de mes sujets de prédilection. Havraise depuis maintenant 10 ans, j'ai beaucoup entendu parlé des bombardements sur la ville ainsi que d'un fait particulier et mis en lumière depuis peu à Gonfreville-l'Orcher : le "Camps Philip Morris" appelé aussi "camps cigarettes", ces hébergements provisoires qui ont servi aux soldats américains ainsi qu'à la population locale. Aujourd'hui, je pars à leur découverte.

Arrivée à l'adresse communiquée, j'aperçois au milieu d’un lotissement de pavillons un très grand panneau avec photo : « Maison du Patrimoine et des Cités Provisoires ». Insolite comme site touristique!

Après avoir franchi les grilles de l’entrée de ce camp souvenir, au milieu de la cour une signalétique plantée dans un gazon verdoyant me fait face, avec des photos d’époque et deux longues vues. Je ne résiste pas à y mettre mon œil et j'y découvre une prise de vue du camp en 1950 avec ses alignements de baraquements à perte de vue.

Après m’être imprégnée de l’atmosphère des Cités provisoires, j'entre dans un des deux baraquements conservés et qui font office de musée. La pièce est lumineuse, la muséographie est passionnante avec une mise en scène à partir de photographies d’époque, des récits historiques, du matériel militaire, des maquettes. Il nous est présenté l'utilisation de ces camps par les américains à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Une frise chronologique nous permet de situer précisément la période de présence américaine sur site, de 1945 à 1947.

Des panneaux explicatifs nous racontent l’aventure de ces camps. Le Camp Philip Morris, construit sur des terres agricoles par les américains au printemps 1945, fait partie d’un ensemble de plusieurs camps étalés le long de la Côte d'Albâtre du Havre à Saint-Valery-en-Caux. Pour la petite histoire ces camps devaient être provisoires et ne servir que de transit aux troupes démobilisées américaines ainsi qu’aux unités devant être transférées vers le Pacifique.
Constitués de préfabriqués en bois, de tentes, on estime que ces camps ont vu transiter entre 1,3 et 1,5 millions de GI’s. Pour ne pas être localisés, ces camps portaient des noms de marques de cigarette : Lucky Strike, Pall mal, Old Gold…Philip Morris. Construits en un temps record, ils étaient rudimentaires : sur terre battue, sans eau ni électricité mais équipés d’établissements dédiés à la distraction des troupes tels que des cinémas, des bars, des théâtres…

La deuxième salle de ce baraquement fait place à la vie dans le camp Philip Morris après le départ des soldats.
Depuis 2019, une nouvelle muséographie donne à voir la vie des sinistrés relogés après les bombardements du Havre durant la guerre. En devenant une immense cité provisoire, le camp Philip Morris était une véritable petite ville avec près de 310 baraquements logeant plus de 600 familles, divisés en trois ensembles. Grâce à ses nombreux documents, photos, vidéos et témoignages audio, je comprends le monde intérieur de ce camp.
Certains témoignages évoquent la rudesse de la vie, d’autres traitent d'anecdotes mais tous en ont gardé un bon souvenir. Une grande et belle photo de l’élection de « miss Marianne » et ses demoiselles d’honneur avec leurs bonnets phrygiens donne une idée des distractions qu’il y avait au sein du camp.
La venue de Youri Gagarine, les fêtes musicales, kermesses…sont évoquées dans les différentes vitrines. j'apprend que le camp avait ses magasins, librairies, boucheries, coiffeurs… Une chapelle laissée en kit par les américains sera même remontée par la population pour reconstituer un lieu de culte. J'étais loin de m'imaginer cette vie au sein des cités provisoires !

Ma curiosité aiguisée par la visite de ce premier baraquement, je m'engage dans le second.

Tout est blanc et lumineux. Passée la première pièce, dédiée à l’accueil du musée, je suis confrontée à une unité de logement reconstituée avec le mobilier et les espacements de l’époque. Je ne suis pas sans éprouver une certaine émotion devant la rudesse de la vie durant ces longues décennies dans le camp Philip Morris. Les baraquements étaient divisés en deux logements : d’une part 30 m2 pour loger une famille avec 4 enfants, d’autre part 60 m2 pour une famille avec 8 à 10 enfants, pas de salle de bain et un point d’eau…au fond de la cour. Grâce à la collecte d’objets d’époque je suis plongée dans un intérieur année 1950/1960. Devant l’étroitesse des logements les enfants jouent dehors et se côtoient dans l’école avec ses dizaines de classes. Cette vie difficile était accompagnée d’un immense esprit de fraternité et de solidarité. Ce qui étonne encore, c’est que ces lieux resteront occupés jusqu’en 1970. Puis les nombreux habitants des cités intégreront des logements sociaux sur Gonfreville-l’Orcher.

Je quitte le camp Philip Morris avec le sentiment d’être déconnectée du présent par cette plongée dans ce passé méconnu de l’après Seconde Guerre Mondiale. Ce lieu est unique et étonnant, loin des sites habituellement visités : musées, cimetières et autres mémoriaux. Une véritable richesse et un témoignage du quotidien de l'après-guerre.

Période d'ouverture

Toute l'année
Horaire NC
Visites commentées possibles sur rendez-vous du mardi au samedi.

Visites individuelles

Durée moyenne de la visite : 90 min

Langues parlées : Anglais
Langues de visite : Anglais

Groupes

Guide accepté : oui

Visites groupes

Durée moyenne de la visite : 90 min

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