Église Sainte-Jeanne d'Arc

Visite de l'église, consacrée à Sainte-Jeanne d'Arc, alliant une architecture moderne et une mise en valeur des vitraux du XVIème siècle.

Dans l’histoire de la Vallée de la Seine, la pierre a gardé à Rouen en Seine-Maritime des traces qui donnent des bâtiments étonnants. Sur la Place du Vieux Marché, une des places les plus connues par les Rouennais, car Jeanne d’Arc y fut brûlée, se trouve l’Église Sainte-Jeanne d'Arc dont l’architecture moderne porte des vitraux de la Renaissance.

Après avoir visité l’Historial Jeanne d’Arc avec ma fille Éléonore et sa correspondante anglaise Betty, nous décidons d’aller faire un tour au Vieux Marché. Afin de rester dans l’ambiance du Moyen-Âge nous passons par la rue du Gros Horloge. Betty était encore toute tremblante des émotions vécues au cœur des flammes de l’Historial.
Arrivées sur la place nous sommes immédiatement plongées dans l’animation autour des restaurants et des bars. Nous allons sous la grande croix posée à l’endroit où fût dressé le bûcher de Jeanne. Derrière nous, l’immense toiture d’ardoise de l’église s’élève et traverse toute la place d’est en ouest. Elle recouvre même la nouvelle halle marchande. Sa forme aux angles aigus et d’écailles hérissées par les ardoises évoque symboliquement les flammes qui ont dévoré la jeune femme en mai 1431.
On entre alors dans l’église en poussant une grosse porte en bois très lourde et on surplombe le lieu. Betty est subjuguée par les myriades de couleurs sur le sol. Nous descendons quelques marches ce qui donne l’impression d’entrer dans un autre monde. La rupture avec le brouhaha de la place est totale. Une fraicheur agréable s’ajoute à l’esprit de sérénité qui habite le lieu et dont Betty profite : « It’s fun ! »
Une odeur de cire très agréable fait palpiter nos narines. La lumière est saisissante et envahit l’espace. Nous admirons immédiatement la charpente en forme de coque de bateau renversée. En effet, l’architecte Louis Arretche voulait renouer avec la tradition des églises normandes par l’utilisation de l’architecture navale. Son plan centré garde l’espace libre et la sobriété du mobilier laissent place au recueillement. La salle de prière est au fond avec une mini chapelle devant.
L’architecture est pleine de beaux détails impressionnants et malgré la lumière on est toujours à l’ombre. Des endroits sont même créés pour faire une pause en toute sérénité. Nous en profitons toutes les trois pour admirer les vitraux parfaitement intégrés dans d’immenses verrières. Mis à l’abri en 1939, ils ont été réalisés entre 1520-1530 et sont remarquables par leur facture et leurs couleurs vives qui étincellent sur le sol. Caractéristique de la foi chrétienne propre au XVIe siècle, les scènes sont tirées de la Bible comme les légendes de Saint-Pierre, de Saint-Antoine de Padoue, de Saint-Jean Baptiste et de l’enfance du Christ ou du triomphe de la Vierge. Ils ont donc été réinstallés car ce sont ceux du chœur de l’ancienne église Saint-Vincent datant du XIIe siècle et détruite par les bombardements de 1944.

Quand nous sortons de l’église l’animation de la place nous saisit à nouveau. Sur le grand mur allant vers la rue de Crosne, nous nous installons quelques instants sur un banc pour profiter de l’ambiance de la place et regarder les passants voguer à leurs occupations. Au-dessus de nos têtes est gravée dans la pierre une phrase dédiée à Jeanne : « O jeanne sans sépulcre et sans portrait toi qui savais que le tombeau des héros est le cœur des vivants » (André Malraux). Nous tentons de nous imaginer comment cette place était au Moyen-Âge car elle était le cœur du commerce de la ville. On en a une idée avec le restaurant « La Couronne » qui est une des plus anciennes auberges de France et qui date de 1345. Au XIX siècle, deux grandes halles occupaient la place, elles furent détruites en 1944 avec le bombardement de la ville. Ensuite la place a été totalement réaménagée et tous les touristes apprécient particulièrement de faire une pause à cet endroit.
Soudain Betty se lève et se précipite vers la halle marchande qu’elle trouve très « français », en demandant : « Il me faut fromage ». Ma fille, sans hésiter une seconde, lui emboîte le pas. J’en fais de même car notre journée de visite n’est pas finie, Betty doit absolument visiter le « gros horloge » emblème de la ville aux cent clochers ! Puis terminer par une déambulation dans les rues moyenâgeuses de Rouen !