A quelques kilomètres au nord de Rouen, en forêt d'Eawy, la base de lancement de V1 du Val Ygot est un lieu de mémoire des opérations de bombardements menées par l'armée allemande pendant la Seconde Guerre Mondiale. Construit en 1943 sur 3 hectares, le site comporte 13 bâtiments : abris, ateliers et rampe de lancement, restaurés et entretenus par une association de bénévoles dynamiques et désireux de témoigner du passé militaire des lieux.
"C'est un peu grâce aux allemands qu’on a pu aller sur la Lune". Voilà la phrase qui a retenu l'attention de mon petit cousin, fan d'aventures spatiales lors de notre dernier repas de famille. Je complète mon propos et lui explique que durant la Seconde Guerre Mondiale, l'occupant allemand avait développé un dispositif de bombes volantes assimilables à des fusées : les V1 et V2.
Je lui indique qu’en Seine-Maritime il existait de nombreux sites de lancement de ces fusées et que j'en connais un particulièrement bien conservé et très passionnant, situé à Ardouval. Devant sa curiosité, nous décidons de faire une sortie familiale sur site le week-end suivant.
Le Site de V1 du Val Ygot est accessible facilement par la D99 Pommeréval - Bellencombre. A l’entrée de la forêt domaniale d’Eawy, nous entrons par un petit chemin cimenté. La base de lancement construite en 1943.
Tout le long du parcours, nous avons des panneaux explicatifs qui nous apportent des informations historiques et techniques avec de nombreux repères. Le lieu s’annonce d’emblée comme exceptionnel par sa conservation, ses reconstitutions et ses monuments. L’ensemble a été restauré et est entretenu par une association de bénévoles dynamiques et passionnés qui organise des visites guidées en accueillant près de 18 000 visiteurs par an.
Nous déambulons au milieu des bâtiments et je fais remarquer à mon cousin combien ce lieu est plongé dans le calme après avoir connu les bruits incessants des bombardements alliés et les lancements de V1. La visite nous permet de rentrer dans l’histoire dramatique des V1 qui a constitué une sorte d’avant-garde innovante dans le bombardement à distance. Après la Bataille d’Angleterre (bataille d’aviation), les Allemands qui l’ont perdue et dont la puissante aviation est considérablement réduite, développent des armes secrètes pouvant continuer à bombarder l’Angleterre. Ils inventent donc « les monstres volants », les V1 puis les V2, qui à partir de 1943 seront catapultés depuis 117 sites implantés en Seine-Maritime.
L’histoire du V1 débute en 1939. Construit à Peenemünde en Allemagne, il mesure 8m35 et vole à 580 km/h en transportant 830 kg d’explosif.
On estime à près de 10 000 V1 qui auraient été lancés sur la Grande-Bretagne.
La base 685 du site d’Ardouval a subi de vifs bombardements des Alliés. De très nombreux trous témoignent encore de cette réalité historique et attirent notre attention.
Après le conflit, entre 1950 et 1960 des pins Douglas sont plantés en réparation des dommages de guerre. La nature a repris sa place le long des allées bétonnées et autour des bâtiments. Le site est cependant resté quelques décennies à l’abandon. Les bénévoles locaux ont alors sorti des décombres des bâtiments en béton, des allées cimentées et quelques accessoires, puis remis en état une rampe de lancement de 42m avec la reconstitution d’un V1. « On s’y croirait vraiment ! », s’exclame mon cousin. Très impressionnant !
Ce clou de la visite nous plonge près de 80 ans en arrière. Le site rappelle que de nombreux travailleurs forcés ont occupés les lieux, notamment des déportés russes et les STO, (Service du Travail Obligatoire), mais aussi des jeunes habitants des environs. Il existe sur ce site du Val Ygot, une sculpture à la mémoire des requis et prisonniers, symbolisée par des pelles, pioches, et une brouette avec outils. Pour rappel tous les éléments nécessaires au fonctionnement des V1 et à leur protection étaient faits sur place et ont nécessité une foule de main d’œuvre.
Un peu en retrait, au milieu des arbres et des différents bâtiments, on aperçoit une seconde sculpture intitulée « la femme et l’enfant victimes d’un bombardement », œuvre de l’artiste Jean-Marc De Pas, érigée en hommage aux très nombreuses victimes civiles de ces armes secrètes durant la période du conflit.
En repartant, nous lisons sur un panneau que ces technologies ont été récupérées par les alliés à la fin de la guerre pour leurs programmes de développement spatial. « Tu vois, je te l’avais bien dit ! » que je lance à mon cousin. Nous apprenons même que 250 Allemands sont allés à Vernon dans l’Eure pour aider à la conception de la fusée Ariane. Impressionnant!
Animaux acceptés : oui
Visites individuelles
Durée moyenne de la visite : 90 min
Tarifs
Tarif de base - Adulte Plein tarif | À partir de 4.00€ |
Modes de paiement : Chèques bancaires et postaux, Espèces
Virements pour les autocaristes