Aître de Brisgaret

L'Aître de Brisgaret à Montivilliers, tout proche de la ville du Havre et de l'Estuaire de la Seine, est un exemple rare de cimetière médiéval en France ayant conservé sa vocation d'origine. Ses étonnantes représentations macabres sur les murs et les pigeâtes en font un site de visite remarquable de la Seine-Maritime.

Pour beaucoup, la visite d’un cimetière est peu réjouissante. Cependant, on ne vient pas à l'Aître de Brisgaret habillé de tristesse par la perte d’un proche mais pour y découvrir un dispositif architectural particulier et original qui constitue un patrimoine exceptionnel qui a fait l’objet d’une restauration récente.

Je prends donc la direction de l’Aître situé à la sortie de la ville de Montivilliers comme nombres de cimetières médiévaux et me stationne sur le parking. Je choisis d’entrer par la galerie. L’arrivée se fait dans une montée où l’on découvre le mur de pierres blanches qui soutient la galerie. Il faut encore monter pour atteindre le portail d’entrée. Cette barrière de niveau m’indique que je vais rentrer dans un autre monde. J’entre dans la galerie : c’est fantastique ! La charpente en chevron splendide! Les poteaux supportant la galerie côté cimetière sont sculptés avec des scènes macabres, des figurines de saints guérisseurs qui rappellent qu’ici la vie est liée à la mort.

Comme pour l’Aître Saint-Maclou à Rouen, c’est la peste qui va être à l’origine de la construction de ce cimetière à galeries dont une seule sera construite au XVIe siècle.
La charpente de la galerie abrite l’ossuaire, le déambulatoire accueille les familles endeuillées. La chapelle Saint-Lazard, établie au nord de la galerie est réservée aux offices religieux consacrés à la mémoire des défunts.
Mais le fonctionnement des cimetières au Moyen-Age n’est pas celui solennel et triste d’aujourd’hui. Il est celui d’une place publique avec de nombreux commerces. J’admire d’ailleurs sur les murs du déambulatoire une multitude de graffitis qui rappellent cette vie agitée, leur restauration a permis de les dégager et de les rendre encore plus beaux.
Lié étroitement à la galerie, s’élève à l’emplacement de l’ancien charnier, une croix gothique toute en finesse avec ses dentelles de pierre.

Le petit joyau de ma visite reste la chapelle Saint-Lazard avec ses fenêtres en forme d’ogive. La chance me sourit pour la visite car justement une personne vient de l’ouvrir. Elle me donne plein d’informations sur sa restauration et son histoire. Tout en l’écoutant, je profite du soleil qui accentue les couleurs de la lumière reflétée par les vitraux. C’est splendide ! La charpente, les murs et le sol de pierre ont été refaits. Le retable a également été restauré. Il dévoile un bas-relief sculpté montrant la résurrection de Lazard dont les détails sont très intéressants, notamment les visages très expressifs.

Sous l’effet de cette visite, je repars en imaginant soudain plein d’étales très colorés en tout genre dans la galerie avec une foule habillée comme au Moyen-Age, bruyante et pressée.
Et je me dis qu'il faut que je retourne voir la restauration récente de l'Aître Saint-Maclou, à Rouen. Il paraît qu'on y met en scène des danses macabres!