[Fermeture temporaire] Abbaye de Graville

Accrochée au coteau, l'Abbaye de Graville domine Le Havre et le paysage impressionnant de l'estuaire de la Seine. L'église présente toutes les caractéristiques de l'art roman normand, à l'exception du chœur reconstruit à l'époque gothique. Les bâtiments conventuels (XIIe et le XVIII siècles) accueillent un musée. C'est parti pour une visite aux couleurs médiévales...

Lors d’un repas d’amis havrais du samedi soir, l’Abbaye de Graville est évoquée comme un site médiéval incontournable et remontant presque du début de la chrétienté. L’un des membres de notre équipe, Marc, nous invite le lendemain pour la visiter. "C’est exceptionnel nous dit-il, c’est un chef d’œuvre de l’art roman normand !"

Nous voilà donc partis le lendemain à l’assaut des hauteurs du site de l’abbaye. Après avoir emprunté une route en lacet, nous franchissons le portail et entrons dans l’enceinte par l’entrée pavée. Nous nous stationnons à droite sur un emplacement réservé aux visiteurs, contigu au cimetière. D'ici, la vue est superbe sur l'Estuaire de la Seine !
C’est de là que tout commence, car il a été recueilli en 303 le corps de Sainte-Honorine déposé par la Seine au pied de la falaise. Son sarcophage est dans l’église abbatiale. Sainte-Honorine serait une vierge chrétienne martyre des Romains jetée dans le Fleuve. Aussi, le lieu suscita de nombreux pèlerinages et après les ravages Vikings,des religieux s’y installent au Xe siècle.

Quelle surprise de découvrir à l'entrée du site une statue géante d’une vierge à l’enfant appelée « vierge noire », accompagnée d’un sanctuaire qui fait encore l’objet de nombreuses dévotions. Avant de rentrer dans le bâti, nous profitons des jardins construits en espalier et offrant une profusion de couleurs chaudes dignes d’un tableau impressionniste. La végétation aux allures sauvages est un pêle-mêle de fleurs et de plantes aromatiques, un vrai refuge pour les papillons !

Nous débutons ensuite la visite de l'édifice par les bâtiments conventuels datant du XIIe au XVIIe siècle. Le réfectoire et le cloître ayant disparu, il ne reste que la salle capitulaire et le scriptorium. Transformés en espaces d’accueil et en musée, ils portent la marque d’une scénographie récente et particulièrement agréable. Dans la première salle nous sommes d'ailleurs surpris par la découverte d’une statuaire religieuse parmi les plus belles de Normandie.
Sur le parcours vers l’église abbatiale nous tombons face à face avec une statue en bois polychrome de Saint-Nicolas qui accentue l'émotion ressentie précédemment. En pénétrant sur la terrasse située à l’emplacement de l’ancien cloître, nous sommes à nouveau emportés par une vue exceptionnelle sur la Seine et son estuaire. Des bancs nous incitent à nous poser pour admirer, méditer et sentir le vent du littoral tout proche. Un cèdre du Liban, distingué comme « un arbre remarquable de France », marque comme un immense parasol l’entrée de l’abbatiale.

Lorsque nous entrons dans l’église, nous sommes subjugués par la beauté et la blancheur de la pierre : le style épuré du roman. Le lieu est habité par un nombre impressionnant de sculptures et de statuettes polychromes nous plongeant dans un véritable voyage artistique médiéval. Le transept Nord du XIe siècle et les chapiteaux des colonnes retiennent notre attention par leur beauté. Le chœur de l’église abbatiale taillé en gothique contraste avec l’épure du style roman.

Nous revenons sur nos pas et profitons encore une fois de cette terrasse qui offre dans le calme un point de vue culminant sur les contrebas du Havre bruyants et agités. Nous retournons dans le musée pour tomber sur le plus surprenant : une collection de grandes maquettes de maisons, manoirs et châteaux de l’Antiquité à la Renaissance en passant par le Moyen-âge. Nous y reconnaissons immédiatement celle du Manoir d’Ango, à Varengeville-sur-Mer !

Nous ressortons en félicitant Marc pour cette visite nous ayant permis de découvrir ce site médiéval qui nous était encore inconnu. Chacun évoque ses émotions sculpturales et architecturales. Le plaisir des débriefings entre amis! Mais voilà Marc qui siffle la fin de la récréation : "Et si on allait maintenant faire un tour chez Auguste Perret au cœur du Havre !".